16 Septembre 1824

PROCES VERBAL AU SUJET D’UNE DISPUTE

Ce jourd’hui seize septembre mil huit cent vingt quatre, six heures demi du soir

Devant nous Armand Luzin, adjoint au Maire de la commune de Pouilly, canton de Crécy-Sur-Serre, département de l’Aisne, faisant les fonctions d’officier de police dans la dite commune, soussigné …

S’est présenté le nommé Etienne Jean Chrysostome Bertrand, âgé de quarante cinq ans, cultivateur à Aulnois et à Pouilly, en domicile réel audit Aulnois soussigné …

Lequel vient de nous déclarer que ce même jour seize Septembre présent mois et an, en trois et quatre heures du soir qu’étant audit Pouilly en la maison provenant de son beau-père, en étant accompagner de plusieurs personnes dans sa chambre pour collationner où étant il déclare avoir été demandé dans la cour pour répondre au Sieur Jean Louis, marchand de chanvre demeurant audit Pouilly, et étant approché près dudit Jean Louis, ce dernier lui a dit « si tu ne veux pas ôter le vivre que tu as mis dans le cul d’aire (dans la grange de la Dame Bourrez) qu’il aurait affaire à lui », et lui Bertrand a répondu « pour quel motif tu me dis cela », et le Bertrand continuant en disant « pourquoi n’engrangerai-je pas sitôt dans mes deux culs d’aires puisque tu as engrangé dans les tiens toi-même ».
Et le Mr Jean Louis ci-dessus nommé a répliqué « tu n’es qu’un gredin » et repoussant le dit Bertrand contre la muraille et de plus il s’est permis de le frapper d’un soufflet sur la joue gauche.
Et le dit Bertrand déclare s’être défendu sans le frapper et le dit Jean Louis a ramassé une pierre pour la jeter audit Bertrand et ce dernier l’aurait reçu sans l’apparition de la dame Bertrand qui a dit audit Jean Louis « vous auriez bien du front de les jeter à mon mari ».
De suite son Fils Etienne a dit audit Bertrand « vous n’avez point de cœur si vous ne venez pas au milieu de la rue » et continuant en disant « donnez donc moi un soufflet » et ledit Bertrand a répondu au fils « passe ton chemin ».

Ledit Mr Bertrand déclare en outre que tout ceci s’est fait et vit en présence de quatre témoins

  1. Charles Louis Dubois, maçon patenté demeurant à Crécy, travaillant chez Mr Bertrand dans un bâtiment qui déclare avoir entendu une dispute, et a sorti, a vu Jean Louis ramassé une pierre pour jeter audit Bertrand, et a signé
  2. Antoine Nicolas Satoux., âgé de dix sept ans, aide à maçon travaillant avec ledit Dubois chez ledit Bertrand et a l’entrée du bâtiment qu’on travaille déclare avoir entendu dire par ledit Jean Louis à B.ertrand qu’il aurait affaire à lui et a ramassé une pierre pour lui jeter et Madame Bertrand sortant de la maison a dit « tu aurais bien du front de jetter une pierre à mon mari » et aussitôt ledit Jean Louis l’a jeté contre la muraille et étant en colère il l’a encore ramassé et ne l’a point vu jeter, et a signé sa déclaration
  3. Joseph Florimond Pastour, âgé de vingt six ans, couvreur en écailler demeurant à Crécy-Sur-Serre, travaillant chez ledit Mr Bertrand à Pouilly, de la profession étant sur un bâtiment fait à neuf, déclare avoir vu ramassé une pierre par Mr Jean Louis pour la jeter sur Mr Bertrand et ne l’a point vu jeter sur lui mais contre la muraille et là encore relever une seconde fois mais n’a rien vu autre chose, et a signé la déposition
  4. François Jonneaux, âgé de cinquante six ans, maçon, demeurant à Pouilly, travaillant au bâtiment dudit Bertrand audit Pouilly, dépose qu’il a vu Mr Bertrand et Mr Jean Louis, ci-devant nommés, étaient au coin du pignon de la maison dudit Bertrand et Madame Bertrand s’est mise au milieu d’eux pour les séparer et au même instant il a entendu dire par ledit Jean Louis à Mme Bertrand que c’était une salope, et encore entendu crier par le fils dudit Jean Louis qui se trouvait dans la rue sors dehors la cour, et a signé sa déposition

Nous, adjoints susdits et soussignés, avons fait lecture aux déclarants de leurs dépositions qui ont dit icelle contenir vérité, l’ont affirmé sincère et véritable, dont copie du présent procès verbal sera adressé à Monsieur Le Juge de Paix de ce canton pour y faire droit s’il y a lieu.

A pouilly, les jours, mois et ans que dessus.

Mémoire de Pouilly sur Serre, pour transmettre aux générations futures