23 Aout 1822

PROCES VERBAL D’INJURES ET COUPS DE PIERRE FAIT A LA FEMME MORTIER

 

L’an mil huit cent vingt deux le vingt trois Août à dix heures du matin.

Devant Nous Chrysostome Florentin Guyart, Maire et Officier de Police dans la commune de Poilly, canton de Crécy, département de l’Aisne,

Est comparue Marie-Louise Demarest., épouse de jean-François Mortier, couvreur en chaume, domicilié audit Poilly, laquelle m’a déclaré qu’hier vers les quatre heures du soir étant à ceuillir son chanvre lieudit au Moulin à vent dudit Poilly, où étant elle a chassé des canards qui appartenaient au Sieur Antoine, père meunier audit lieu,. lesquels canards étant épars dans la pièce de chanvre de la déclarante et commettaient un délit.

Elle déclarante a dit au Sieur Antoine que si ses canards revenaient encore qu’elle les tueraient. Ledit Antoine lui répliqua  « garce, putin, tu dis que tu tueras mes canards », aussitôt lui jetta une pierre qui ne l’atteignit pas.
Et ensuite récidiva par une seconde pierre et l’a atteint au bras gauche et du même coup elle a été jusqu’à son sein gauche.
C’est que la dite déclarante se trouvant saisie s’écria au voleur et à l’assassin, et à l’instant ledit Antoine se retira vers son moulin, car ce dernier s’était avancé jusqu’à la pièce de chanvre de la déclarante.
Il ne se trouvait pour témoin que deux jeunes enfants en bas âge appartenant au Sieur François Frambourt Gérard, manouvrier audit village.

La déclarante a été aujourd’hui cinq heures du matin, accompagnée du Sieur Jean-Claude Roger, garde champêtre du terroir de Poilly trouver ledit Sieur Antoine pour faire la visite du délit commis par les canards de ce dernier.

Etant à la maison du Sieur Antoine, la déclarante lui dit « lève-toi pour venir faire la visite du délit », elle n’a eu aucune réponse. Aussitôt elle et le garde champêtre ont fait le tour de sa pièce de chanvre pour en reconnaître le fait.

Et a l’instant, elle, déclarante, a retourné vers le domicile dudit Antoine, où ce dernier était encore au lit, elle lui cria une seconde fois « viens voir la visite du délit commis par tes canards » et il lui a répondu « vas t’en, garce, putin, courreuse d’armées, tiens si je ne retenais pas ma colère je te coucherais par terre et je te donnerais le fouetà plat cul ! ».

La déclarante a dit qu’elle allait faire faire un procès verbal de tout cela. Le Sieur Antoine a répondu qui’’l se fouttait de son procès verbal et qu’avant de partir il lui donnerait le fouet, que sa main serait marquée qu’elle s’en sentirait plus de quinze jours.

La déclarante donne pour témoins de ses derniers propos ledit Roger, garde champêtre, de la commune de Poilly.

Nous susdit et soussigné avons donné lecture de la présente déclaration, l’a assuré véritable en tout son contenu et a déclaré ne savoir signer.

Mémoire de Pouilly sur Serre, pour transmettre aux générations futures